La décision est tombée. L’Etat va mettre en vente l’ancienne école d’architecture, après douze ans de négociations infructueuses avec la ville de Nanterre.
Nouveau rebondissement dans la bataille qui oppose l’Etat et la ville de Nanterre sur l’avenir de l’ancienne école d’architecture. Le bâtiment emblématique des années 1970, fermé en 2004 et propriété de l’Etat, va être mis en vente. Il en coûtera 13 M€ à qui souhaite acheter cet ensemble de 10 500m².
« Les collectivités locales ayant confirmé qu’elles ne souhaitaient plus se porter acquéreurs, l’Etat va pouvoir arrêter le devenir du bien », confirme la Direction générale des finances publiques (DGFIP). Car avant de mettre l’ancienne école sur le marché, l’Etat s’est tourné, en mai dernier, vers l’intercommunalité Paris Ouest La Défense. Mais l’établissement a « renoncé à exercer son droit de priorité », assure-t-on à la DGFIP.
L’intérieur de l’ancienne école d’architecture. (S.K.)Avant l’intercommunalité, c’est la ville de Nanterre qui avait renoncé : trop cher. « Ce que propose l’Etat, 13 M€, est irrationnel, s’étrangle-t-on au cabinet de Patrick Jarry (Gauche citoyenne). Comment peut-on croire qu’une petite mairie comme la nôtre puisse porter un projet au-delà de 6 M€ ? »
Voilà douze ans que l’Etat et Nanterre n’arrivent pas à s’entendre autour de l’avenir de l’école, construite en 1970 par Jacques Kalisz et Roger Salem et fermée en juillet 2004. Depuis, le site, laissé à l’abandon, se dégrade : régulièrement occupé par des squatteurs et des casseurs, l’établissement a subi un incendie en décembre 2015.
Un ancien amphi. (S.K.)Le projet du cuisinier Alain Ducasse retoqué deux foisCe statu quo est « un scandale » selon la mairie, qui souhaite que l’établissement soit réinvesti. « En 2007, nous avons placé le site en « emplacement réservé », en vue de réaliser un équipement public à vocation culturelle et sociale, avance la mairie. Mais l’Etat nous a tout de suite mis en demeure d’acheter. »
Face au blocage, l’Etat a bien pensé trouver de son côté une autre destinée au site. Quelques mois après l’élection de François Hollande, en 2012, il était question d’y construire près de 200 logements sociaux. En réaction, la ville modifie le Plan local d’urbanisme (PLU), qui paralyse l’Etat. Et soutient « pleinement » le projet d’une école de cuisine internationale, portée par Alain Ducasse. Mais c’est l’Etat qui refuse à son tour. L’école Ducasse revient sur le tapis l’an dernier, avec le promoteur Redman qui propose de réaliser un centre de formation sous l’égide du célèbre cuisinier, en achetant le site 6 M€. Nouvelle fin de non-recevoir.
La mise sur le marché de l’école va-t-elle signer la fin du bras de fer ? Rien n’est moins sûr. Car la mairie veut toujours avoir son mot à dire. « Soit nous parvenons à un accord, soit c’est reparti encore pour dix ans ! », insiste-t-on au cabinet de Patrick Jarry.